En dehors de la construction d’édifices exceptionnels, tels que monuments, églises… qui ont de tout temps, demandé la mobilisation intensive de moyens et qui ont engendré des prouesses technologiques et des transports parfois importants, les hommes ont toujours construit leurs bâtiments courants en utilisant exclusivement les ressources des matériaux locaux, c’est-à-dire pris à la surface du sol ou dans le substratum sous-jacent géologique, sur les sites même de construction ou dans un environnement proche.
Ils n’avaient effectivement pas d’autres moyens pour construire que de se servir de ce qu’ils avaient à disposition localement. Selon la qualité, la disponibilité et l’abondance de ces matériaux, les constructeurs ont utilisé la pierre, la terre, les graviers, le sable, le bois, les fibres végétales… et ont mis au point des technologies simples de transformation de ces matériaux à cycle de production courts tels que : taille de pierre, cuisson de la pierre pour faire de la chaux, moulage de briques en terre crue, coupe et taille du bois, paille associée à la boue de terre…..etc.
Il s’avère que les bâtiments réalisés, bien évidemment conformes aux besoins des populations, avaient une faible empreinte écologique. De plus ils étaient parfaitement intégrés aux paysages et bien adaptés aux conditions climatiques de chaque région. Ils étaient même souvent conçus pour répondre et résister aux catastrophes naturelles locales, quand ces évènements exceptionnels n’étaient pas trop espacées dans le temps et que les parades technologiques aient donc pu être maintenues dans la transmission du savoir des constructeurs. C’est pour cette raison qu’à chaque terroir correspondait une typologie architecturale et des technologies constructive, pour lesquelles les savoirs faire des artisans se transmettaient de génération en génération.
C’est de cette façon que les anciens constructeurs nous ont légué un patrimoine important en matériaux locaux, patrimoine qui a traversé les temps et qui aujourd’hui encore, après un grand nombre de destructions, de transformations et de démolitions opérées, représentent toujours un important patrimoine construit, dont beaucoup rêvent d’ailleurs, maintenant, de posséder, car il en apprécient les qualités et les valeurs (culturelle, patrimoniales, ….et même financières).
C’est finalement beaucoup plus proche de nous, vers le début du XX° siècle que les principes de l’utilisation des matériaux locaux a fini par être abandonné dans les pays développés tandis qu’il s’est encore poursuivi dans les pays en voie de développement. La quête de la facilité, de la rapidité et du modernisme en sont les raisons principales. En plus du comportement classique de l’homme empreint de modernité de faire table rase des méthodes passées, il est vrai que la variabilité de la qualité des matériaux locaux et des constructions réalisées avec ses matériaux aurait nécessité des adaptations et des progrès pour répondre aux nouveaux besoins du moment. Mais au lieu de mener des recherches, d’optimiser et d’adapter, les pertinents principes de construction anciens, aux nouvelles contraintes et situations, on a préféré réinventer de toutes pièces des systèmes constructifs qui s’avéraient mieux correspondre par leurs apparentes rapidité et facilités. On a alors mis au point la construction « industrielle », mais on n’a pas tenu compte de ses effets induits, de ses conséquences et de ses atteintes à l’environnement (En savoir plus)
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